Encore à la course?
Être un héros du mouvement entraîne son lot de déformations professionnelles. Je dois vous l’avouer, je prends un malin plaisir à analyser à leur insu la manière de courir des gens.
Certains se tordent le corps d’un bord à l’autre, d’autres semblent complètement rigides.
Certains arrondissent le dos, d’autres se penchent vers l’arrière.
Certains adoptent une longue foulée, d’autres ne lèvent pratiquement pas les pieds.
Certains respirent bruyamment, d’autres ont des bras hyperactifs.
Tous les enfants apprennent bientôt à courir une fois que la marche est acquise. C’est la manière la plus rapide de se déplacer par ses propres moyens. Ça peut s’avérer essentiel en situation d’urgence : une correspondance d’autobus à ne pas manquer, un retour hâtif à couvert juste avant une averse, une fuite désespérée face à une horde d’admiratrices en délire… ou le contraire!
Mais si nous apprenons à courir instinctivement dès notre tendre enfance, pourquoi observe-t-on autant de manières différentes de le faire?
Si un mouvement produit l’effet escompté, on dit qu’il est efficace, peu importe l’énergie qu’il requiert ou le risque de blessure qu’il introduit. Si tous les types de course décrits plus haut permettent de parcourir la même distance dans un temps défini, ils sont tous efficaces… mais pas forcément efficients!
L’efficience est le rapport entre le résultat obtenu et les moyens mis en œuvre pour y parvenir. En musique, c’est la différence entre un débutant qui pianote mécaniquement une pièce et un virtuose qui l’interprète avec aisance. En arts martiaux, c’est la distinction entre l’élève qui essaie maladroitement une technique et le maître qui l’exécute avec fluidité. En course, il s’agit de retirer tout ce qui n’est pas essentiel, d’apprendre à en faire moins.
On pourrait croire que l’efficience s’obtient seulement par la quantité d’heures de pratique : plus on passe de temps à s’exercer, plus on maîtrise une habileté donnée. Cette idée ne représente qu'une partie de l'équation : la qualité est tout aussi déterminante. C’est en portant attention à ce que l’on fait et en cherchant délibérément à se perfectionner que l’on observe un réel progrès.
Avez-vous déjà vu une personne qui semble flotter plutôt que courir? Ses pas sont légers, son corps reste droit, mais souple, sa respiration est contrôlée et on dirait qu’elle pourrait continuer pendant des heures sans se fatiguer (ce qui est probablement le cas, d’ailleurs).
Elle a simplement appris à faire de la gravité une alliée! Voici quelques pistes pour retrouver le plaisir de courir sans effort :
- Cadence rapide toujours stable, indépendante de la vitesse
- Jambes complètement détendues à partir des genoux
- Petits pas légers comme si le sol était brûlant
- Et plusieurs autres détails sur la posture…
Vous aimeriez en savoir davantage, n’est-ce pas? David Savoie, qui m’a beaucoup appris, a écrit un excellent article à ce sujet que je vous recommande vivement : mouvementsnaturels.com/blogue/courir-comme-un-humain.
Bonne course!